Je souhaite naturellement commencer par remercier le président français pour son hospitalité dans ce magnifique endroit, qui est à la fois chargé d’histoire et qui nous permet aussi d’être au travail en regardant le futur, et le futur de l’Union européenne en particulier, dans un moment qui est un moment difficile parce que nous sommes confrontés à une guerre qui frappe le continent européen.
Cette déclaration de Versailles, qui a été approuvée formellement il y a quelques instants, restera dans les annales du projet européen. Elle restera dans les annales du projet européen parce que nous avons depuis quelque temps compris et considéré que l’on devait engager un agenda de souveraineté, un agenda d’autonomie stratégique pour l’Union européenne qui se traduit au travers de notre ambition de prendre en considération les forces, les atouts, le ciment qui rassemblent les Européens, mais de regarder aussi quels sont les points de fragilité que l’on doit tenter de corriger, quels sont les points qu’il faut tenter de renforcer.
Cette réunion de Versailles intervient à un moment où la Russie, il y a deux semaines, a déclenché une guerre contre l’Ukraine et à un moment où, depuis deux semaines, l’Union européenne a démontré son unité, sa robustesse, sa solidité. Nous avons été capables de nous rassembler pour décider de sanctions sans précédent qui ont un impact, qui ont un effet. Nous avons été capables de nous rassembler pour soutenir fortement le peuple ukrainien qui se bat avec courage. Soutien sur le plan financier, sur le plan humanitaire, soutien bien sûr en termes d’accueil des réfugiés, soutien aussi, c’est une première qui a été décidée et qui traduit l’ambition d’agir sur le plan de la défense européenne, au travers de la facilité pour la paix qui mobilise du matériel, y compris militaire, et l’orientation a été prise d’ajouter 500 millions d’euros additionnels à la facilité pour la paix dans ce cadre.
Donc, vous le voyez, nous sommes engagés sur le terrain du soutien à l’Ukraine. Nous avons eu bien sûr un débat sur la demande qui a été introduite par l’Ukraine, même demande qui a été introduite par la Géorgie et la Moldavie. Nous voulons dire avec solennité, avec force, à nos amis ukrainiens qu’ils sont bien entendu pleinement membres de la famille européenne et nous voulons leur dire que nous allons nous engager et nous mobiliser rapidement, immédiatement, pour renforcer les liens avec le peuple ukrainien et que nous allons aussi nous engager pour soutenir et supporter le choix qu’ils font pour ce chemin européen. Enfin, nous avons eu l’occasion, bien sûr, de débattre beaucoup de la manière d’engager l’Europe sur cet agenda de souveraineté et d’autonomie stratégique.
Je voudrais très simplement décrire rapidement les trois piliers au départ aujourd’hui. Dans cette déclaration, avec force, avec solennité, nous regardons vers l’avenir pour tenter de donner un élan à ce projet européen, un élan de robustesse, un élan engagé.
D’une part, bien sûr, la question de l’énergie. Et nous ne découvrons pas aujourd’hui cet enjeu de l’énergie, c’est d’ailleurs le sens de la décision que nous avions prise d’engager la neutralité climat à l’horizon 2050, pour faire en sorte que l’on puisse progresser sur le terrain de notre indépendance tout en adressant le défi climatique.
Il y trois points qui sont importants et que nous voulons traiter. Bien entendu, la question des prix et de l’impact pour les familles partout en Europe, impact pour les familles, impact pour nos entreprises également. La question de la dépendance qui est trop grande, on le voit bien aujourd’hui, singulièrement face à la Russie, pour laquelle nous voulons développer cette ambition de nous libérer de cette dépendance pour avoir cette capacité d’agir au mieux et conformément à nos intérêts, et cela, en accord avec nos objectifs.
Et puis, enfin, de façon très opérationnelle, il y a l’engagement pour un plan pour le prochain hiver. Sur chacun de ces points-là, en parfaite synchronisation au Conseil européen, États membres, avec la Commission qui est chargée de préparer la suite de nos travaux et des décisions que nous prendrons sur ces sujets-là, c’est un agenda cohérent qui est préparé et qui est engagé.
Le deuxième point qui est bien sûr la question de la défense et de la sécurité. L’Europe de la défense, nous sommes nombreux à en parler depuis longtemps. Des progrès ont pu être réalisés, mais il est indéniable que, il y a deux semaines, nous nous sommes réveillés dans une Europe différente, dans un monde différent. Il est indéniable que les actions qui ont été entreprises ces derniers jours en réalité consacrent la naissance de la défense européenne qui est formellement engagée avec cette réunion aujourd’hui ici à Versailles, pour laquelle, là aussi, on engage une stratégie très opérationnelle qui vise à identifier les champs d’action et d’investissements qui vont être nécessaires, mais à identifier aussi comment on peut déployer une base industrielle européenne en prenant en considération les différents enjeux.
L’enjeu de la cybersécurité et l’enjeu de l’espace, par exemple, pour en citer quelques-uns. Nous allons donc là aussi, avec un calendrier, un agenda, avec une mission qui est confiée à la Commission et au fonds de défense, veiller à progresser sur ce sujet. Et puis enfin, le troisième point que je souhaite mentionner, c’est l’importance de consolider cette base économique.
L’Union européenne est bien sûr un projet de rassemblement pour la paix, pour la sécurité et pour la prospérité. C’est bien sûr un projet économique et, dans cette dimension-là, il nous appartient, il appartient à notre génération de prendre aujourd’hui les décisions qui vont rendre cette base économique plus robuste, plus solide, plus résiliente. Et c’est le sens de nos engagements en termes de santé. Le COVID avait montré l’importance de coordonner davantage, l’importance de nous projeter davantage dans l’avenir sur ce sujet-là.
C’est le sens aussi de l’ambition liée aux semi-conducteurs, par exemple, aux matières premières, aux matériaux critiques ou bien à l’impérieuse nécessité de continuer à être très engagés sur le plan de l’innovation et singulièrement de l’innovation technologique.
Voilà en quelques mots le sens des décisions, que je crois très fortes, qui ont été prises aujourd’hui avec une grande conscience partagée par l’ensemble des leaders européens rassemblés ici à Versailles, une grande conscience partagée de l’importance du moment que nous vivons et de l’importance des décisions que nous allons prendre, pas seulement pour demain ou après-demain, mais pour les générations qui vont nous suivre. Il s’agit de revenir aux fondements de ce projet qui a rassemblé l’Union européenne. La paix, la prospérité, la sécurité et ce sont ces enjeux-là que nous voulons embrasser afin de faire en sorte que des résultats tangibles, des résultats concrets, perceptibles en termes de plus d’indépendance, de plus de souveraineté, de moins de fragilité et de plus de capacité à déterminer nous-mêmes quel est le destin que nous voulons pour l’Union européenne.
Enfin, nous aurons l’occasion de revenir très rapidement dans l’implémentation, dans la mise en œuvre de l’ensemble de ces sujets. Il y aura dans deux semaines un Conseil européen qui se tiendra à Bruxelles. Nous reviendrons par exemple sur cette question énergétique et sur d’autres sujets. Nous avons aussi l’intention, avant le sommet prévu au mois de juin, d’avoir un sommet européen extraordinaire qui sera également l’occasion de revenir singulièrement sur les questions de sécurité et de défense.
Encore une fois, je souhaite remercier le président Macron pour nous avoir rassemblés ici à Versailles, dans un moment qui est chargé de symboles, dans un moment qui touche à l’histoire de ce pays, mais à l’histoire de l’Europe également. Un moment au cours duquel, hier et aujourd’hui, nous avons fait le choix de nous rassembler, de nous serrer les coudes pour faire en sorte que l’on puisse porter ce rêve et cette ambition pour l’avenir de l’Europe. Je vous remercie.
